X-Files, le film : Combattre le futur
Réalisé par Rob Bowman. Écrit par Chris Carter, d’après une histoire de Chris Carter & Frank Spotnitz. Studio : 20th Century Fox. Companie de Production : Ten-Thirteen Productions. Producteurs : Chris Carter & Daniel Sackheim. Producteur Exécutive: Lata Ryan. Co-Producteur : Frank Spotnitz. Directeur de la Photographie : Ward Russell. Musique de Mark Snow et Mike Oldfield. Effets spéciaux de Amalgamated Dynamics.
Date de sortie: 19/06/98 (USA) – 21/10/98 (France).
Distribution : David Duchovny (Fox Mulder), Gillian Anderson (Dana Scully), Mitch Pileggi (Walter S. Skinner), William B. Davis (L’homme à la cigarette), John Neville (L’homme manucuré), Dean Haglung (Richard Langly), Tom Braidwood (Melvin Frohike), Bruce Harwood (John Byers), Martin Laudau (Alvin Kurtzweil), Terry O’Quinn (Darius Michaud), Blythe Danner (Jane Cassidy), Armin Mueller-Stahl (Conrad Strughold), Don S. Williams (Elder).
Lorsqu’un attentat terroriste détruit un édifice de Dallas, les agents spéciaux Fox Mulder et Dana Scully sont entraînés dans un complot qui surpasse tout ce qu’ils ont connu à ce jour. Leur enquête les conduit dans une installation clandestine de l’Antarctique où se trouve le plus inquiétant des secrets.
Du petit au grand écran
Désormais à l’étroit dans le poste de télévision, Mulder et Scully prennent du galon en passant au cinéma. En effet, le succès phénomène de la série pousse la FOX à l’adapter au cinéma, phénomène de mode en cette fin d’années 90 (Chapeau melon et bottes de cuire, Wild wild West). Le premier long-métrage voit ainsi le jour en 1998 alors que la série bat son plein partout dans le monde, avec un budget confortable de soixante-six millions de dollars.
Tourné de juin à octobre 1997, le film sert de transition entre la cinquième et sixième saison, entre les épisodes The end et The beginning. D’où la grande difficulté pour les scénaristes d’organiser ensuite les plannings de tournage en fonction de la trame de la cinquième saison tournée après mais censée amorcer les évènements du film : « Il fallait construire une progression crédible vers le point culminant qui serait le film. Nous avons du y réfléchir presque dix-huit mois auparavant. D’ordinaire, les épisodes ne sont pas écrits en anticipant autant. Ils le sont de façon très minutieuses mais plutôt au rythme de la progression. Le film nous a forcé à structurer un peu plus l’échelonnement des évènements de la cinquième saison. » C’est ainsi par exemple que l’acteur John Neville alias l’homme manucuré qui trouve la mort dans le film du reprendre du service l’année suivante pour le tournage de la cinquième saison de la série où il était toujours vivant !
L’équipe de la série aux manettes
L’’idée d’adapter X-Files sur grand écran est venue à Chris Carter après avoir réalisé l’épisode Duane Barry. Pourtant s’il en tire toutes les ficelles, le créateur de la série ne réalisera pas le film, faute de temps : entre les séries The X-Files et Millenium qu’ils menèrent de front, Chris Carter et Franck Spotnitz ont du produire cette année là quarante-sept heures de télévision ! Réunis au cours des vacances de Noël 96 à Hawaï, le duo écrit à quatre mains les prémices du scénario.
La mise en scène, Carter l’abandonne à l’un de ses disciples les plus doués, Rob Bowman. Réalisateur des épisodes les plus réussis de la série (Sleepless, F. Emasculata, Clyde Bruskman’s final repose), Bowman annonce d’emblée que le film sera compréhensible par tous : « Chris Carter et moi avons tenu à une fiction visible par tous, non cryptée. Autant les aficionados de la série que les spectateurs qui n’ont jamais vu la moindre image pourront suivre. » Comme c’était l’usage sur la série, deux équipes de tournage travaillaient simultanément sur le film, dont les principales scènes furent tournées en Californie.
Si les musiques originales sont signées Mark Snow, qui s’est pour l’occasion entouré d’un orchestre, la chanson jouée dans le bar est Crystal Ship de The Doors. Celle de la première bande sonore du film (The X-Film, l’album) est One, référence à une phrase de Mulder dans le bar : « One is the loneliest number/Un est le nom le plus solitaire. »
Top secret
Très vite, intox et rumeurs entourent le tournage du film tant attendu… Depuis les premières prises de vue le 16 juin 1997 à Los Angeles, le plateau de Fight the future (à l’origine Blakwood en hommage à la ville où se déroule l’action) s’avère impénétrable. Impossible de sortir le moindre feuillet de scénario du seul cadre professionnel. Tous les manuscrits sont numérotés, scrupuleusement et quotidiennement répertoriés. Impossible aussi de les reproduire : des caractères d’impression rouges sur fond noir interdisent toute photocopie lisible.
Première rumeur à circuler : l’histoire tournerait autour de l’enlèvement du Président américain par les Aliens ! On écrit aussi que les gros légumes de la 20th Century Fox frappent du poing sur la table pour que des stars du cinéma se glissent dans la peau de Mulder et Scully : on parle de Richard Gere et Jodie Foster… Dément formel dès le premier jour de tournage : malgré leurs réticences initiales à l’idée de reprendre des rôles qu’ils connaissent par coeur durant leur congé annuel, Duchovny et Anderson retrouvent leurs enseignes du FBI contre un chèque de quatre millions de dollars.
Si Mitch Pileggi, William B. Davis, John Neville et les Lone Gunmen sont de la partie, le film introduit aussi de nouveaux personnages interprétés par des comédiens connus et reconnus. Alors que Marc Landau (Oscarisé pour sa performance dans Ed Wood) incarne le paranoïaque Kurtzweil, l’allemand Armin Mueller-Stahl est Conrad Srugholf : le personnage porte le nom d’un scientifique nazi ayant réalisé des expériences sur des prisonniers de guerre, secrètement protégé par le gouvernement américain pour mettre des hommes sur la Lune. Son nom avait d’ailleurs déjà été cité dans l’épisode Paper clip.
Sur le tournage
Lors de sa rencontre avec Kurtzweil, Mulder urine sur une affiche du film Independance day. La scène du dôme nécessita la présence de vingt mille abeilles. C’est Duchovny qui a suggéré de mettre la scène où Mulder dit « cette fois, nous approchons de quelque chose » dans la bande-annonce : « Ca c’est un moment pour la bande-annonce : Cette fois, on approche de quelque chose… et on montre le vaisseau spatial ! » se serait exclamé Duchovny.
Dans les scènes de fin, les acteurs ont passé plusieurs jours à courir dans les décors glacés, givrés par les panaches de vapeur. La scène de libération de Scully fut l’une des plus difficiles et plus longues à tourner.
A la fin, lorsqu’elle remet la preuve de l’abeille sur le bureau de Jane Cassidy (interprétée par la mère de Gwyneth Paltrow), la scène ressemble énormément à la fin du Pilot.
Durant le tournage de la scène de poursuite dans le champ de maïs, un adolescent réussit à s’infiltrer sur le plateau avec une caméra et vendit les scènes à la télévision locale qui s’empressa de les diffuser.
Alors qu’ils travaillaient déjà au tournage de la cinquième saison, Duchovny et Anderson furent rappeler pour refaire certaines scènes jugées insatisfaisantes : la blessure de Mulder à la tête sera donc moins grave que prévue, au grand dam de Duchovny privé de sa réplique préférée : « Il y a eu perforation mais pas pénétration« .
Petites incohérences : Dallas (Texas) n’est pas entouré de montagnes et le virus transmis par le biais des abeilles qui le contractent du pollen de maïs est inexact car le maïs est pollenisé par le vent et non pas par les insectes !
En plus de l’officielle, trois autres affiches du film furent disponibles (bleue, rouge, verte), portant chacune un des mots du titre. Fight the future seront d’ailleurs les trois mots de l’épisode Three words.
Un succès commercial… mais des critiques mitigées !
L’adaptation tant attendue de la série culte déçoit… La première grosse bourde est venue de M6 qui diffusa la fin de la cinquième saison après la sortie du film : comme souvent durant la quatrième saison, la chaîne française semble se moquer éperdument des fans qui ne peuvent suivre l’histoire dans l’ordre chronologique. Niveau technique, le budget conséquent permet à Carter de raconter une histoire qu’il ne lui était pas possible de réaliser avec les budgets et le temps accordé habituellement aux épisodes.
Si la réalisation de Bowman est impeccable, on déplore pourtant un scénario assez simpliste qui souffre de comparaison avec certains épisodes beaucoup plus aboutis. On s’attendait à un film culte pour tous les cinéphiles, un film référence sur les extraterrestres aussi puissant pour le cinéma que la série ne le fut pour la télévision. Force est de constater que ce n’est largement pas le cas. Toute la faute au scénario de Carter et Spotnitz qui ne cachent pas qu’ils ont écrits les grandes lignes en seulement dix jours ! Pourtant, le film pose les bases d’une vérité, développée plus tard dans la sixième saison. Mais la fin est surtout un électrochoc à la relation Mulder et Scully avec les prémices d’une romance explicitée pour la première fois et développée par la suite.
Farouchement indépendant par rapport à l’original, le film marque donc la prestigieuse et rapide consécration cinématographique d’une série TV au succès phénoménal. Mission : impossible, Lefugitif, Les mystères de l’ouest auront attendu plusieurs décades avant de connaître les honneurs d’un film. Après seulement cinq années d’existence, Mulder et Scully restent les seuls héros TV transposés au cinéma alors que la série était encore à l’écran. Sur un budget total de production et de publicité estimé à 120 000 000 $, le film aurait encaissé 83 898 313 $ sur le continent nord-américain et 105 300 000 $ à l’international pour un total de 189 198 313 $ au niveau mondial, ceci en excluant, possiblement, les revenus de la vente des cassettes vidéo et des DVD. Malgré un succès commercial évident, Fight the future n’a pas été le raz-de-marée annoncé et marquera le début d’une désaffection des fans, perdus au milieu d’une mythologie qui s’est considérablement complexifiée au cours de cinq années d’investigations.
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